Extrait du "Mon Rapport sur la Bataille de la Marne",
écrit par le commandant de la IIème Armée : le
général von Bülow en décembre 1914, la traduction
en a été faite par le Capitaine Netter en 1920 et elle
a été publiée chez Payot.
Quand, le 9 septembre au matin, l'ennemi, en nombreuses colonnes, traversa
la Marne entre la Ferté-sous-Jouarre et Château-Thierry,
il ne subsista chez moi aucun doute que la retraite de la 1re armée
était rendue inévitable par la situation tactique et stratégique
et que, de son côté, la 2e armée se trouvait dans
l'obligation de se replier pour éviter d'être complètement
tournée par son flanc droit. D'accord avec le représentant
du G. Q. G. (lieutenant-colonel Hentsch), j'étais dans la conviction
que maintenant le devoir primordial de la 2e armée était
d'appuyer la 1re armée au nord de la Marne, et de lui offrir
là de nouveau la possibilité de faire sa jonction avec,
l'aile droite de la 2e armée, en direction de Fismes.
Cette décision, si pénible qu'il fût de la prendre
pour le commandement d'une 2e armée jusqu'alors partout victorieuse,
permettait seule de déjouer encore à temps le plan évident
du commandement français, savoir : l'enveloppement de l'aile
droite de l'armée allemande après séparation et
anéantissement de la 1re armée et de procurer la possibilité
de reconstituer, en peu de jours sur l'Aisne avec l'aide de la 7e armée
qui approchait, un nouveau front d'armées continu. Bien que la
décision de replier la 2e armée fût prise le 9 septembre
au matin, l'offensive du centre et de l'aile gauche de cette armée,
qui progressait en plein succès, fut d'abord poursuivie dans
l'après-midi avec une grande vigueur, et c'est seulement après
que l'ennemi eut été partout repoussé que la 2e
armée entama, par l'aile gauche, son mouvement de repli.
Le corps d'armée de la garde et les divisions saxonnes 32e D.
I., 23e et 24e D. R., placées sous les ordres du général
von Kirchbach, effectuèrent leur mouvement à 1 heure du
soir la garde sur la route Fère-Champenoise-Vertus croisée
de route à l'est d'Avize-Athis-Tours, le général
von Kirchbach, avec ses trois divisions à l'est de cette route.
Des arrière-gardes pourvues d'une forte artillerie furent laissées
en face de l'ennemi jusqu'à la tombée de la nuit.
Le mouvement du gros de la 14e D. I. et du Xe C. A. ne devait pas commencer
avant 2 heures de l'après-midi.
Le 9 septembre, le Q. G. A.2 resta d'abord 4 Montmort et se porta ensuite
par Moussy sur Epernay.
Le G. Q. G. fut informé de ces dispositions. La rupture du combat
eut lieu sans la moindre difficulté les troupes retirées
les premières atteignirent la ligne Mareuil-en-Brie-Vertus ;
toutes les colonnes de munitions et les trains traversèrent la
Marne dès 9 septembre. Le centre et l'aile gauche ne furent
l'objet d'aucune poursuite. de la part de l'ennemi qui ne put retrouver
le contact perdu qu'au cours de la journée du 10 septembre. Seule
la 13e D. I. fut pressée par l'ennemi, mais cela sans succès.
Les têtes de colonne atteignirent ce jour-là :
Xe C. R. Pourcy par Damery;
Xe C. A. Serrières par l'ouest d'Épernay;
14e D. I. Germaine par l'est d'Épernay.
G. Tourières-Mutry par Mareuil-sur-Ay avec arrière-gardes,
au sud de la Marne, sur la ligne Boursault-Moussy, Avize-Flavigny.
Le VIIe C. A. (a oins la 14e D. I.) reçut l'ordre de couvrir
l'aile droite de l'armée passant au nord de la Marne. Les ponts
de la Marne de Port à Binson inclus à Jaulgonne inclus
devaient être gardés. Les bagages, colonnes de munitions
et trains furent reportés, dès le 10 septembre, derrière
la Vesle. Le Q. G. A. resta le 10 à Épernay. Dans le rapport
du 10 septembre sur les opérations du 9 on signalait encore une
fois au G. Q. G.
" D'accord avec Hentsch (représentant du G. Q. G.) la situation
est jugée comme suit :
Retraite de la 1re armée derrière l'Aisne commandée
par situation stratégique et tactique. 2e armée doit appuyer
1re armée au nord de la Marne, faute de quoi aile droite des
armées sera enfoncée et enroulée; 2e armée
atteindra aujourd'hui la ligne Dormans-Avize avec de fortes arrière-gardes
au sud de la Marne. Près d'Avize jonction avec la 3e armée
".
Le 10 septembre, à 1 heure 15 minutes du soir, l'ordre suivant
du G. Q. G. arriva au Q. G. A. 2 établi ce jour-là à
Reims :
" 1re armée sera subordonnée jusqu'à nouvel
ordre au commandant en chef de la 2e armée ! "
A 5 heures 45 minutes arriva le nouvel ordre suivant :
" 2e armée se retirera derrière la Vesle, aile gauche
à Thuizy. 1recevra instructions de la 2e armée. 3e armée
en liaison avec 2e armée tiendra ligne Mourmelon-le-Petit-Francheville
(sud-est de Châlons-sur-Marne).
" 4e armée en liaison avec 3e armée, au nord du Canal
de la Marne au Rhin jusqu'aux environs de Revigny.
" 5e armée restera sur positions conquises. Ve C. A. et
réserve générale Metz sont affectées à
l'attaque des forts de Troyon, Paroche et Camp des Romains.
Les positions atteintes par les armées devront être fortifiées
et défendues.
Les premières fractions de la 7e armée, XVe C. A. et VIIe
C. R., atteindront vers le 12 septembre à midi là région
de Saint-Quentin-Sissy".
En conséquence lé radiotélégramme suivant
fut adressé 10 septembre au soir à là 1re armée
:
" La 2e armée occupera le 12 la coupure de la Vesle de part
et d'autre de Reims.
Là 1re armée se retirera dès le 11 septembre derrière
l'Aisne et, à l'abri de la coupure de l'Aisne, s'étendra
jusqu'à hauteur de l'aile droite de la 2e armée. Les passages
de la Vesle près Braisne et Fismes seront gardés chacun
par une brigade mixte de la 2e armée, à partir du 11 au
matin ".
Le 10 septembre vers le soir, des aviateurs observèrent une longue
colonne ennemie sur la route Champaubert-Bergères, avançant
par conséquent vers l'est.
Comme cette observation fut confirmée le 11, la reconnaissance
"d'aviateurs du 11 ayant remarqué en outre d'autres colonnes
marchant droit à l'est, il en fut rendu compte immédiatement
au G. Q. G. avec indication que très probablement les Français
cherchaient maintenant à percer en face de la 3e armée.
Au G. Q. G. cette impression parut d'ailleurs s'être fortifiée
dans la journée du 11. Dans l'après-midi du même
jour, le chef d'état major général de l'armée
en campagne arriva au Q. G. A.2 à Reims où il rédigea
l'ordre suivant d u G. Q. G. :
" Des renseignements sûrs permettent de prévoir que
l'adversaire envisage une attaque avec de très grandes forces
contre l'aile gauche de la 2e armée et la 3e armée.
S. M. ordonne en conséquence :
Devront atteindre :
3e armée la ligne Thuizy (exclu) Suippes (exclu);
4e armée la ligne Suippes (inclus) Sainte-Menehould (exclu);
5e armée : Sainte-Menehould (inclus) et à l'est.
Les lignes atteintes devront être organisées et tenues.
Dans la marche en arrière les armées devront assurer la
liaison de leurs ailes " (Signé : v. Moltke).
J'avais moi-même l'intention d'accorder le 11 septembre un
repos général aux troupes très fatiguées.
Toutefois l'ennemi manifestait visiblement l'intention de tourner l'aile
droite de l'armée; je fis replier le 11 septembre, dès
la pointe du jour, les arrière-gardes derrière la Marne
et les gros jusqu'à l'est de la ligne Jonchery, Treslon, Bligny,
Pourcy, Saint-Imoges, Avenay, Tours.
Les arrière-gardes, après avoir détruit les ponts
de la Marne, devaient encore tenir la rive nord.
Les colonnes de munitions et les trains furent ramenés derrière
la Suippe.
Le VIIe C. A. (moins la 14e D. I.) fut désigné pour recueillir
la 1re armée; ce corps devait, le 11 septembre, dès la
première heure, occuper la coupure de la Vesle près de
Fismes et s'opposer là à toute tentative de passage de
l'ennemi. La brigade renforcée de la 13e D. I. qui, depuis la
chute de Maubeuge, était en marche sur Laon, devait avec la même
mission occuper la Vesle à Braisne. Le 1er C. C. fut informé
de la situation générale et invité à couvrir
de flanc et en arrière le mouvement de la 2e armée. La
reconnaissance détaillée de la position à occuper
sur la Vesle fut commencée. L'ennemi atteignait le 11 septembre
devant le front de l'armée la ligne Fère-en-Tardenois,
Verteuil, Épernay, Mareuil.
Les instructions suivantes arrivèrent du G. Q. G. : " S.
M. a ordonné que la 7e armée sous le colonel général
von Heeringen sera placée d'abord sous les ordres du commandant
en chef la 2e armée ".
Pour le 12 septembre j'ordonnai que la position préalablement
reconnue serait occupée comme suit :
VIIe C. A. (moins 14e D. I.) occupera avec une brigade renforcée
les hauteurs voisines de Châlons-sur-Vesle pour tenir les passages
de Muizon inclus à Tinqueux exclu, avec l'autre brigade les hauteurs
voisines de Prouilly pour tenir les passages qu'elles commandent jusqu'à
Breuil inclusivement.
Ce déplacement de troupes ne devait toutefois s'effectuer qu'autant
que la 27e brigade de Landwehr, désignée pour l'occupation
des passages de la Vesle à l'ouest de Breuil, serait arrivée
près de Fismes et serait passé sous les ordres du commandant
du VIIe C. A.
Le Xe C. R. occupera en avant de Reims la rive sud de la Vesle de Thillois
inclus à Cormontreuil inclus.
Le Xe C. A. au nord de la Vesle de Cormontreuil exclu à Prunay
inclus.
La garde, moins la 1re D. I. G. de Prunay exclu au sud-est de Posnes
où elle se soudera à la 3e armée.
Furent maintenues à la disposition du commandant de la 2e armée
:
La 14e D. I. à l'est de Cernay-les-Reims;
La 1e D. I. G. au sud-ouest de Beine;
Le P. C. du commandant en chef fut porté à Cernay-les-Reims,
le Q. G. A.2 à Warméréville.
La 5e D. C. du 1er C. C. fut mise en marche sur la 3e armée.
La 1re armée fut informée de la situation et une fois
encore invitée à se relier à l'aile droite de la
2e armée. Cette jonction toutefois ne put plus être réalisée.
Le 12, la 1re armée recula tout à fait derrière
l'Aisne sur la ligne Attichy-Soissons; dès les premières
heures de l'après-midi de ce jour elle fut attaquée sur
tout le front par d'importantes forces françaises et anglaises.
En même temps l'adversaire força le passage de la Vesle
en repoussant la 13e D. I. et la 25e brigade de Landwehr et menaça
d'envelopper par Muizon le flanc droit du 10e C. R.
Dans ces conditions il parut nécessaire de faire évacuer
par le Xe C. R. la position à l'ouest de Reims avant contact
tactique plus étroit avec l'adversaire. La 14e D. I. maintenue
à Cernay-les-Reims fut portée en avant jusqu'aux environs
sud-est de Betheny et, sous sa protection, le Xe C. R. traversa Reims
et ceci la sans subir de pertes jusqu'à Cernay-les-Reims, où
il entra en liaison avec l'aile droite du Xe C. A. La 25e brigade renforcée
de la 13e D.I. gagna par une marche de nuit les environs de Brimont,
la 26e brigade renforcée, les environs de Berry-au-Bac; de là,
elle rétablit, le 13 de bonne heure, la liaison avec la 25e brigade.
Le VIIe C. A. se trouva ainsi de nouveau réuni à l'aile
droite de la 3e armée. D'après tous les renseignements,
il était hors de doute que tout l'effort de l'ennemi tendait
à se glisser entre la 1re et la 2e armée, à séparer
ainsi définitivement ces deux armées et rejeter ensuite
la 1re armée vers l'ouest.
On ne pouvait s'y opposer qu'en bouchant rapidement le trou existant
entre la 1re et la 2e armée avec les éléments de
la 7e armée qui arrivaient.
Ces éléments furent donc, poussés en avant à
l'est de Laon dès la nuit du 12 au 13 septembre; ce fut la 28e
brigade du VIIe C. R. renforcée par 2 régiments de réserve
d'artillerie de campagne n° 14 et 1 et par le 7e régiment
de pionniers qui, le 13 septembre, résista dans un long et dur
combat sur les hauteurs de Craonne-Hurtebise à la poussée
de forces ennemies supérieures, jusqu'à ce que, à
droite de cette brigade, le reste du VIIe C. R., et, à gauche,
les premières fractions du XVe C. A. aient pu intervenir.
La 1re armée se tint le 13 septembre sur l'Aisne et étendit
son flanc gauche jusqu'à Vailly.
Dans la 2e armée, le Xe C. R., le Xe C. A. et la 2e D. I. G.
résistaient sans peine à une attaque ennemie menée
sans grande vigueur.
Le VIIe C. A. rejeta au delà du canal de l'Aisne, jusqu'aux hauteurs
de Brimont et de Bermericourt, l'ennemi qui s'était avancé.
Une poussée de l'ennemi qui s'était produite, dans la
soirée du 13 septembre, entre Brimont et Reims fut encore arrêtée
par la 1re D. I. G. Ainsi le trou commençait à se boucher
de plus en plus, et l'ennemi qui avait déjà percé
avec de l'infanterie jusqu'à Amifontaine et avec une forte cavalerie
jusqu'à la Malmaison et Sissonne se vit obligé de ramener
ses troupes en arrière pour éviter qu'elles ne fussent
coupées.
Le 14 septembre les trois armées devaient se souder plus solidement
en se portant en avant pour l'attaque.
La 7e armée reçut de moi l'ordre de poursuivre avec tous
les éléments disponibles l'offensive de son aile gauche
en direction de Pontavert afin de couper la retraite aux forces ennemies
qui se trouvaient encore vers l'est de cette localité sur la
rive nord de l'Aisne et de conquérir les hauteurs au sud de l'Aisne.
La 2e armée devait avec son aile droite appuyer l'attaque dès
que la 7e armée aurait atteint la rive nord de l'Aisne.
La 1re armée devait appuyer avec son aile gauche la marche de
la 7e armée au-delà de l'Aisne.
Le P. C, du commandant en chef resta fixé à Vitry-les-Reims.
Le 14 septembre au matin, le combat s'engagea avec une nouvelle violence.
Tandis que la 1re armée et l'aile droite de la 7e armée
(VIIe C. R.) étaient attaquées par des forces importantes,
l'ennemi se trouvait plutôt sur la défensive en face du
XVe C. A.; il se porta par contre de nouveau avec des forces importantes
à l'attaque de la 2e armée, son effort principal tendant
à déborder et à enfoncer l'aile droite de la 2e
armée au nord de l'Aisne.
Le VIIe C. A. avait reconnu de bonne heure ces intentions et pour s'y
opposer avait poussé un détachement mixte par Neufchatel
vers la rive nord de l'Aisne, Mais là il se heurta immédiatement
à une forte cavalerie ennemie appuyée d'artillerie, de
telle sorte qu'il lui fut d'abord impossible de se tourner contre l'ennemi
qui déjà, au nord de l'Aisne, près de Berry-au-Bac
et de Condé, se trouvait sur la flanc droit de la 14e D. I.
En conséquence, le, commandant en chef dirigea successivement
toutes les réserves disponibles sur Neufchatel afin d'y briser
la résistance de l'ennemi et de parer ainsi à la menace
d'enveloppement.
Les troupes de la valeur d'une division qui se trouvaient réunies
à Neufchatel furent placées sous le commandement du lieutenant
général Steinmetz. Celui-ci reçut l'ordre aussitôt
après conquête de la rive nord de l'Aisne de continuer
l'attaque en direction ouest.
Sur ces entrefaites le G. Q. G. mit encore à la disposition du
Q. G. A. le XIIe C. A. dont la tête pouvait atteindre Warméréville
le 14 à midi. Ce corps reçut l'ordre de poursuivre sa
marche en direction de Neufchatel et d'y envoyer en avant à la
disposition du lieutenant général Steinmetz le plus de
forces de cavalerie et d'artillerie possible. Steinmetz réussit
à prendre., dès le 14, fortement pied sur la rive nord
de l'Aisne et à occuper les hauteurs de Menneville, portant des
éléments avancés jusqu'à l'est de la route
Prouvais-Guignicourt. Au nord-ouest de là, le 2e C. C. avec la
D. C. G. et la 2e D. C. soutint un combat contre la cavalerie française
et anglaise qui s'était frayé un passage vers Soissons
(Sissonne ?) et la Malmaison, et la rejeta en arrière. Plus à
l'ouest, l'attaque du XVe C. A. progressait aux environs d'Aizelles
tandis que, plus à l'ouest encore, le VIIe C. R., qui combattait
sur un très large front dans la région de Cerny-en-Laonnais,
ne résistait que péniblement avec l'appui de la 2e D.
C. à l'assaut de l'ennemi.
Devant le front de la 2e armée les attaques ennemies se poursuivirent
le 14 septembre jusqu'au soir avec une grande vigueur. Le VIIe C. A.
notamment se trouvait dans une position grave; le soir toutes les réserves,
sauf un seul bataillon, avaient été engagées dans
ce corps ; il réussit pourtant à se maintenir avec la
1re D. I. près de Brimont et avec la 14e D. I. au nord de ce
point jusqu'à Condé. Mais la 14e D. I. avait lourdement
souffert du feu de l'artillerie ennemie ; lorsqu'après cela l'ennemi,
vers minuit, entreprit une nouvelle attaque par La Neuville, la division
fut obligée de reculer jusqu'au remblai du chemin, de fer Loivre-Aguilcourt.
Pour recueillir les troupes fortement ébranlées sur une
position plus solide en arrière, ordre fut donné à
minuit cinquante au XIIe C. A. d'alerter immédiatement le régiment
d'infanterie le plus proche et de le mettre à la disposition
du commandant de la 14e D. I. entre le bois situé à 2
kilomètres à l'ouest d'Orainville et Merlet.
Les ordres suivants furent donnés pour le 15 septembre :
2e armée défendra sa position.
XIIe C. A. traversant l'Aisne avec la tête du gros à 6
heures du matin, marchera par Prouvais sur Juvincourt et Damary.
Appuyé par le XIIe C. A., le lieutenant général
Steinmetz rejettera sur la rive sud de l'Aisne l'ennemi qu'il a devant
lui et tiendra les passages près de Berry-au-Bac et Pontavert.
Aussitôt ce résultat obtenu, le XIIe C. A. passera sous
les ordres de la 7e armée. Celle-ci rejettera son ennemi au-delà
de l'Aisne et appuiera la 1re armée.
Dans la nuit du 14 au 15 parvint encore du G. Q. G. le radio suivant
:
" XVIIIe C. A., en marche par Mont-Saint-Rémy sur Neuflize
où il pourra arriver le 15 dans la matinée, est mis à
la disposition du G. A. 2. "
Là-dessus le XVIIIIe C. A. reçut avis de poursuivre sa
marche de Neuflize sur Neufchâtel par Roizy.
Le matin du 15 septembre, dès 6 heures 40 minutes, le VIIe C.
A. pouvait déjà annoncer qu'il avait reconquis ses anciennes
positions. Ce corps s'y maintint, renforcé par un régiment
du XIIe C. A. pendant la journée du 15 septembre.
Devant le reste du front de la 2e armée, l'ennemi ne réussit
pas non plus à gagner du terrain.
Au nord de l'Aisne le détachement Steinmetz poussa jusqu'au nord
de Berry-au-Bac. Son chef, le lieutenant général Steinmetz,
fut tué à cet endroit.
Vers midi entrèrent également en ligne des fractions de
la 23e D. I. du XIIe C. A. Le reste de la 23e D. I. dut se tourner contre
l'ennemi qui avançait par Pontavert et occupait les bois à
l'est de la Ville-au-Bois.
Le 32e D. I. fut disposée au nord de la 23e D. I. - l'aile gauche
s'étendant par le nord de Juvincourt jusqu'à la Ville-au-Bois,
localité qui fut encore occupée le même jour. La
liaison avec la X.Ve C. A. engagé au nord de Craonne se trouva
ainsi réalisée. L'attaque de la 7e armée fit le
15 septembre de lents progrès.
L'ennemi maintenait ses positions sur les hauteurs dominantes de Craonne.
La division de cavalerie de la garde du 2e C. C. appuya avec son artillerie
l'attaque du XII C. A. à l'ouest de Corbeny.
La 2e C. C. se tenait prête au combat dans les bois au sud de
Prouvais. La 1re armée s'était défendue ce jour-là
sur la ligne Cuts, Fontenoy, Vailly.
La tête du IXe C. R. était déjà arrivée
le 15 septembre jusqu'à Noyon; une forte cavalerie ennemie avec
artillerie qui menaçait le flanc du IXe C. R. fut repoussée.
La 7e armée devait le 16 continuer l'attaque et prendre possession
du passage de l'Aisne à Maizy, Pontavert et Berry-au-Bac.
En même temps la 2e armée devait prendre de nouveau l'offensive.
Le XVIIIe C. A. avait rejoint la 2e armée le 16 septembre à
11 heures du matin vers Auménancourt et Bourgogne et fut porté
en première ligne entre le VIIe C. A., dont la zone de combat
fut rétrécie, et le Xe C. A.
J'ordonnai pour 1 heure de l'après-midi l'attaque générale
par l'aile droite de l'armée
VIIe XVIIIe et Xe C. A. Le IXe C. R. et la 2e D. I. G. devaient défendre
leurs positions, le Xe C. R. devait s'engager dans le combat par son
artillerie, menacer d'une attaque sur Reims.
La 1re D. I. G. resta à Fresne à la disposition du commandant
en chef. L'attaque des 7e et 2e armées progressa, bien que lentement.
Pour le 17 septembre, la continuation de cette attaque fut prescrite.
Dans la 2e armée les VIIe, XIIIe et Xe C. A. devaient encore
dans la nuit du 16 au 17 franchir le canal et dès la pointe du
jour entreprendre l'attaque dès hauteurs leur faisant face.
Mais de son côté l'ennemi passait à la contre-offensive
sur toute la ligne. Alors s'engagea la dernière lutte acharnée
entre les deux fronts, lutte dans laquelle l'ennemi fut, il est vrai,
partout refoulé et contraint à la défensive jusqu'à
l'extrême aile ouest, mais où aussi du côté
allemand aucun progrès réel ne put plus être réalisé.
Toutefois, le 17, la prise d'assaut du fort de Brimont amena la capture
de 3.500 prisonniers et permit, par l'occupation de Loivre, de prendre
solidement pied sur la rive ouest du canal.
Dans la nuit du 18 au 19, la 2e D. I. G. fut relevée de sa position
à l'aile gauche de l'armée par la 12e D. I. de la 3e armée
qui étendit son front d'autant.
Le corps de la garde fut regroupé entre l'est du fort de Vitry-les-Reims
et Berru, à la disposition du commandant en chef.
Cependant Il ne pouvait être question pour le moment d'engager
à nouveau la garde. Par suite de la force des positions ennemies
il fallait d'abord soumettre la place de Reims à un bombardement
systématique.
Tant qu'un résultat sérieux n'aurait pas été
obtenu par ce moyen, aucune nouvelle poussée en avant ne paraissait
possible.
Au cours des longs combats qu'elle avait soutenus, l'infanterie avait
vu fondre ses effectifs jusqu'aux deux cinquièmes de leur valeur
normale sans que des renforts appréciables lui fussent parvenus.
On représenta donc au G. Q. G. l'impérieuse nécessité
de la prompte arrivée de renforts suffisants.
Le 19 au soir les combats, de part et d'autre, furent à peu près
arrêtés; le G. Q. G. rappelait à nouveau à
la plus grande économie des munitions. Le 20 septembre, le bombardement
de Reims fut cependant encore continué. Cette journée
fut d'ailleurs consacrée à reconstituer les unités
qui avaient été disloquées dans les combats des
jours précédents. Pour soulager les autres corps une division
de la garde fut de nouveau portée en première ligne entre
le Xe C. A. et le Xe C. R.
Un rapport sur la situation fut adressé le 20 septembre au G
Q. G. avec cette addition que, selon les vues du Q. G. A. 2, la décision
devait être maintenant recherchée à l'aile ouest
allemande.
Le commandement retirerait donc le 21 septembre le XVIIIe C. A. de la
première ligne et le tiendrait prêt à une marche
éventuelle vers l'ouest. Cette conception de la situation fut
encore développée le 21 septembre à l'occasion
d'une visite du faisant fonctions de chef d'état-major général
de l'armée en campagne au poste de commandement de la 2e armée
à Vitry-les-Reims.
Le 25 septembre, le G. Q. G. fut transféré de Luxembourg
à Mézières; le chef d'état-major de la 2e
armée y fut convoqué pour 3 heures de l'après-midi.
On lui fit savoir là que la persistance du mouvement de tiroir
de l'armée française sur la gauche rendait désirable
une attaque immédiate des 1re, 7e, 2e,et 3e armées et
que l'on comptait que ces armées attaqueraient dès le
26 au matin.
En présence de cette demande pressante, j'ordonnai aussitôt
l'attaque pour le 26 au matin, bien qu'il fût à peine possible
d'espérer une action combinée de toutes les armées
dans le court délai dont on disposait. Le G. Q. G. fut informé
que la 2e armée attaquerait le 26 à 3 heures du matin
et les ordres nécessaires furent donnés immédiatement.
La 1re D. I. G. fut portée en ligne entre la 19e D. I. R. et
la 2e D. I. G.
Mais, dans la même nuit, l'ennemi entreprenait avec de grandes
forces une attaque, contre le flanc, droit de l'armée. On parvint
à la vérité à enrayer cette attaque; mais
le VIIe C. A. dont les unités s'étaient disloquées
pendant le combat de nuit ne réussit pas à faire progresser
son centre et son aile droite; seule l'aile gauche et le Xe C. R. poussèrent
jusqu'au delà de la route Courcy-La-Neuvilette.
Quant au C. G. (moins la' 1re D. I. G. ) et à la 19e D. R. qui
se trouvaient en face de Reims, je m'étais réservé
de fixer ultérieurement le moment de leur entrée en action,
leur avance vers Reims ne devant s'effectuer qu'autant que la ville
serait suffisamment encerclée au nord et au sud.
Le Xe C. R. (moins la 19e D. R.) renforcé far la 1re D. I. G.
devait, à 3 heures du matin, rejeter l'ennemi qui, le 25 au soir,
avait avancé au-delà du fort de la Pompelle, et s'emparer
ensuite de Taissy et de Sillery ainsi que des hauteurs au sud de ces
localités.
Cette attaque traîna d'abord en longueur jusqu'à l'aube.
Cependant la 1re D. I. G., avançant avec une grande bravoure
sous les ordres du général von Hutier, réussit
à pourchasser l'ennemi jusqu'au canal à l'est de Sillery
en lui infligeant de grandes pertes; mais là, sa progression
fut arrêtée par des feux de flanc, partant de droite et
de gauche.
La 2e D. R. G. qui attaquait à sa droite ne réussit pas
le 26 à dépasser le fort de la Pompelle; l'aile droite
de la 3e armée, à gauche de cette division, ne parvint
pas davantage à progresser.
J'ordonnai de reprendre l'attaque le 27 septembre dès 5 heures
du matin par l'aile droite de l'armée VIIe C. A., Xe C. A. et
C. G. (moins la 1re D. I. G.).
La 1re D. 1. G., après s'être repliée, et le Xe
C. R. devaient maintenir leurs anciennes positions et mettre à
ma disposition à Caurel-les-Lavannes une brigade d'infanterie
renforcée de la 1re D. I. G.
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